Paralysie faciale
Entretien « Paralysie faciale, traitements laser et ostéopathie » par Jennifer Fridman
Jennifer Fridman, vous avez ouvert votre cabinet d’ostéopathie dans le 16ème arrondissement de Paris en 2011 et vous vous êtes fait connaître plus récemment pour vos très bons résultats sur la paralysie faciale.
Effectivement, j’accueille beaucoup de patients souffrant de paralysie faciale. Le hasard a fait qu’ils sont plusieurs à s’être dirigés vers moi. J’ai de ce fait poussé ma réflexion et mes recherches afin de leur proposer un soulagement et une récupération optimum.
Il faut croire que le bouche à oreille a fonctionné. Le fait d’associer le laser à ma pratique manuelle représente un énorme avantage dans les résultats que j’obtiens, et c’est ce qu’ils viennent précisément chercher chez moi, dès la confirmation du diagnostic ou en dernier recours.
La plupart des patients souffre d’une paralysie périphérique du nerf facial, survenue de façon brutale, de cause souvent non identifiée. Est-ce que ce sont les médecins qui vous les adressent ? Qu’attendent-ils de vous ?
Lorsqu’ils viennent vers moi, ils sont déjà suivis par un neurologue et ont un traitement allopathique, généralement des corticoïdes et selon les cas, des anti-viraux ou anti-épileptiques. Le traitement allopathique commencé rapidement améliore le pronostic de récupération. Dans le même but, le médecin préconise la thérapie manuelle. A l’étranger, notamment en Angleterre et aux Etats-Unis elle fait partie intégrante du protocole de traitement.
La paralysie du nerf facial est souvent très visible, avec une bouche qui ne peut pas se fermer, tombante, et c’est pareil pour l’oeil du même côté.
Les patients sont généralement très choqués, gênés et en éviction sociale, ils cherchent un moyen d’accélérer le processus de guérison.
Certains patients aussi ont des douleurs aiguës associées, des migraines ou des zones très sensibles. Ceux-ci viennent en priorité pour le traitement de la douleur, puis pour la récupération. Il arrive que la douleur soit très forte et insupportable le jour ou les quelques jours de l’apparition de la paralysie faciale.
Elle peut s’étendre jusqu’à la clavicule, le cou, le crâne, le front.
Quelques soit le contexte, paralysie récente ou ancienne, latérale ou bilatérale, j’ai des solutions à leur proposer et bien sûr, la prise en charge n’est pas la même et les résultats se manifesteront différemment.
Quelles perspectives ont-ils une fois le diagnostic posé et comment aidez-vous à la rémission des patients ?
L’étendue des lésions nerveuses et la prise en charge médicamenteuse rapide déterminent le pronostic.
Lors d’une atteinte centrale du nerf, les pronostics diffèrent selon la cause. Elle peut être accidentelle et vasculaire comme un AVC ou pathologique comme une maladie inflammatoire ou infectieuse. En général, les séances permettent d’atteindre une meilleure récupération que celle annoncée au patient et un soulagement des douleurs, grâce au laser et à la diminution des tensions tissulaires autour du nerf.
Dans l’atteinte périphérique du nerf on peut tabler sur une récupération totale ou quasi totale.
Dans tous les cas rencontrés, les patients ressentent une amélioration dès la ou les 1ères séances. L’évolution est progressive, plus ou moins rapide selon les cas. Les bienfaits et la récupération obtenue sont durables sur le long terme. Seules des causes extérieures (stress, coup de froid, virus…) peuvent engendrées des rechutes, qui seront alors plus localisées et de récupération rapide.
L’ostéopathie et le laser vont énormément agir sur le confort au quotidien, ce qui est un facteur capital sur le moral et l’état psychique du patient ! L’éviction sociale, ne pas se reconnaître dans le miroir, ne pas être capable de réaliser les mouvements les plus banals du quotidien, sont un facteur anxiogène majeur et peuvent être responsables d’un état de démoralisation totale. Et comme chacun l’admet, le psychique influe sur le physique.
Pouvez-vous nous décrire votre prise en charge de ces patients en souffrance ?
- Je débute la séance par une évaluation des points de tensions et de la mobilité sur l’ensemble du visage, du crâne, du cou et de la nuque. Je fais une vérification des fonctionnements articulaires, musculaires, de l’innervation et de la vascularisation. C’est ma phase d’analyse et de diagnostic.
- Ensuite, je cherche à «dé-parasiter» grâce a l’ostéopathie toutes les zones autour du nerf facial, cou, nuque, os crâniens, oreilles, mâchoires, muscles du visage…par une action sur les trigger points, l’énergie musculaire, les fascias, le fluidique. Je réalise également du palpé-roulé afin de drainer, refaire circuler et retirer les adhérences éventuelles. Je décongestionne aussi le canal lacrymal, les sinus…
A la 1ère séance, mon travail est global, puis à chaque séance j’oriente les gestes sur les zones qui restent atteintes. J’ajuste le traitement. Je me fie à la sensation sous mes doigts, partie intégrante de mon métier et j’interroge mon patient sur son ressenti car ce qui peut nous paraître primordial à traiter ne l’est pas forcément pour lui. Et inversement une zone que l’on sentira moins atteinte peut être très fortement invalidante pour lui et donc à traiter en priorité.
- Et j’intègre le laser à chaque séance :
Mon laser propose différents programmes que j’utilise selon les besoins et les zones. Je peux cumuler jusqu’à 4 traitements maximum dans une même séance.
Un large panel de patients traités et mes recherches personnelles m’ont permis de déterminer les protocoles qui fonctionnent le mieux :
- – sur le trajet du nerf, j’utilise souvent le programme « névralgie du trijumeau »
- – sur la zone de la mâchoire, j’utilise « syndrome de l’articulation temporo-mandibulaire »
Ces deux programmes émettent 493 Joules, 704 Joules ou 950 Joules selon l’intensité de la douleur sélectionnée. - J’ai également à ma disposition les programmes (disponibles dans la zone des cervicales) « inflammation des muscles » ou « contracture musculaire ».
- Je peux appliquer le traitement jusqu’à la base du crâne, mais également plus bas et en avant au niveau du cou, et à l’arrière au niveau des cervicales. Il est important de travailler ces zones pour diminuer les problèmes de déglutition, les douleurs et les raideurs qui s’installent, le port de la tête et donc l’horizontalité du regard. Le CUBE 4 dispense les 788 Joules de ce programma en 4 minutes 30.
Certains patients, par compensation, ressentent des douleurs sur le côté opposé à la paralysie qui sera davantage sollicité au quotidien. Mon laser me permet de prendre en charge les deux problématiques : la paralysie même d’un côté et ses symptômes et aussi les effets collatéraux de la paralysie et ses effets indésirables de l’autre côté.
Conseils qui peuvent aider tout praticien :
- J’obtiens de très bons résultats en augmentant l’énergie diffusée sur une zone en réglant le faisceau de lumière sur la pièce à main qui présente une graduation de 1 à 5. Je peux concentrer le faisceau, et donc la quantité de Joules, sur une surface plus réduite.
Cela se fait très progressivement, au cas par cas. Personnellement, je positionne le curseur sur 5 lors de la première séance et j’adapte selon le ressenti du patient d’une séance à l’autre. Je lui demande si la chaleur est supportable, et j’ajuste.
- Je donne des exercices de 5 minutes maximum de stimulation du visage (sans forcer) à pratiquer quotidiennement entre les séances. En général les patients apprécient grandement, ils se sentent impliqués et bien pris en main.
Si les résultats se font sentir à la 1ère séance, combien de séances permettent une guérison ?
La 1ère semaine, nous fixons généralement deux rendez-vous. Pour une paralysie faciale ancienne, je trouve un bénéfice à poursuivre ce rythme pendant 2 semaines supplémentaires, si le patient est d’accord.
Ensuite, on passe à 1 séance par semaine, puis on espace de deux semaines, puis d’un mois. Et en général c’est suffisant mais on ne peut pas définir de rythme à l’avance. Seule l’évolution de séance en séance permettra de décider conjointement avec le patient le suivi.
Mon but n’est pas d’ajouter et surajouter des séances. Mon but est que mes patients se débarrassent de moi le plus vite possible.
J’ai une ligne de conduite : tant qu’un traitement apporte un bénéfice croissant d’une séance sur l’autre, on poursuit. Si les résultats ne se font pas sentir, j’oriente vers d’autres thérapies, assez souvent l’acupuncture. Sur l’ensemble de mes patients atteints de paralysie faciale, seul un, à ce jour, ne présentait pas d’amélioration flagrante. Je lui ai conseillé d’arrêter les séances.
Notre métier est un métier paramédical fait pour la guérison et le bien-être du patient. Nous devons être capables d’admettre nos limites et de réorienter le patient pour son bien.
Ce qui est un très bon indicateur, c’est la réduction de la prise de corticoïdes au fur et à mesure, puis leur arrêt total. Bien évidemment c’est le neurologue qui fait son suivi et ajuste le dosage. Cela n’est pas de mon ressort. Mais j’observe nettement une corrélation entre l’évolution des dosages et le bénéfice des séances.
Avez-vous remarqué une typologie de patients ?
Je reçois une proportion importante de patients d’origine anglaise, américaine et Australienne. Je pense que la pratique du laser et/ou de l’ostéopathie est plus ancrée dans leurs pays. C’est complètement dans les mœurs. Ceux venant d’Angleterre se déplacent même à Paris pour me voir expressément. Mais je constate que la patientèle française est de plus en plus réceptive à nos méthodes.